
Quand le silence devient la vérité la plus forte
Cher Errant,
« Je errais solitaire comme un nuage
Qui flotte au-dessus des vallées et des collines,
Quand soudain je vis une foule,
Une armée de jonquilles dorées… »
Wordsworth a compris ce qu’est vraiment la solitude — non pas une absence, mais une présence silencieuse qui ouvre le cœur. Dans l’isolement, il trouva la beauté : des fleurs qui dansent, des nuages qui dérivent, l’âme qui s’élargit.
Aujourd’hui, je pensai à lui en me tenant devant un vieux moulin. Ses ailes ne tournent plus ; il a résisté aux tempêtes, aux pluies, et maintenant il se rouille lentement avec le temps. L’herbe et les fleurs sauvages lui tiennent compagnie, et parfois un oiseau se pose, chuchotant les histoires du ciel. Pourtant, comme le nuage errant de Wordsworth, le moulin n’est pas diminué par sa solitude. Il en est fortifié.
Donc, on doit apprendre à apprécier la solitude. Peut-être crois-tu que si tu gardes le silence dans la vie, personne ne te remarquera et tu deviendras un moulin oublié dans l’arrière-plan. Au contraire, le silence parle fort. Il annonce ton courage et ta prudence. Comme ce moulin, je reste debout, les pieds ancrés dans la roche, et je confronte le vent qui souffle dans toutes les directions — face à face.
En vieillissant, nous découvrons cette vérité. Le bruit s’efface : l’urgence des nuits bondées, la précipitation des voix. À leur place vient quelque chose de plus riche — une soirée tranquille, un livre, une émission familière. La solitude cesse d’effrayer. Elle devient compagne.
« Alors mon cœur s’emplit de joie,
Et danse avec les jonquilles. »
Le moulin m’a soufflé que la solitude n’est point faiblesse. Elle nous apaise, nous rend immobiles et inébranlables, sans crainte — et dans ce calme profond s’éveille une joie plus intime, plus pure.
De l’errant à l’errant,
D. Orlando